Ce mercredi 08 novembre, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le gouvernorat du Nord Kivu à Goma pour dénoncer la persistance de l’insécurité dans la province du fait de l’activisme des groupes armés. Les manifestants, qui se sont identifiés comme des membres du mouvement citoyen #FardcPigaAdui, ont réclamé des actions concrètes de la part des autorités pour pacifier le Nord Kivu.
Les manifestants ont brandi des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que « Assez la tracasserie », « Justice pour les victimes des massacres », « Non à la présence de la force de l’EAC et de la MONUSCO », « Libérez les prisonniers politiques », etc. Ils ont également scandé des chants hostiles aux groupes armés, notamment le M23 et l’ADF, qui sévissent dans la région depuis des années.
Les manifestants ont réitéré leurs principales propositions pour la pacification du Nord Kivu, qu’ils ont résumées en huit points. Il s’agit de :
- Relancer des opérations militaires de grande envergure contre le M23, l’ADF et tous les autres groupes armés actifs dans la province au lieu de déléguer cette responsabilité aux miliciens armés qui pourraient devenir source d’insécurité sur le long terme.
- Mettre fin aux différentes tracasseries, barrières et taxes illégales installées sur différents axes routiers et localités du Nord Kivu aussi bien par des membres de groupes armés que quelques brebis galeuses au sein de l’armée Congolaise.
- Mettre en œuvre de toute urgence le Programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion Communautaire et Stabilisation (PDDRCS) et lui doter d’un cadre légal et opérationnel plus approprié pour donner une sortie digne aux membres des groupes armés qui déposent les armes.
- Exiger le retrait immédiat de la force de la force de l’East African Community (EAC) qui cohabite avec le M23 et de la MONUSCO qui fait preuve de passivité face aux groupes armés depuis une vingtaine d’années. A la place, il faut réformer, assainir et soutenir les FARDC.
- Mettre fin à la persécution judiciaire que subissent les voix critiques en province du Nord Kivu. Dans ce cadre, nos camarades Mwamisyo Ndungo King, Delkat Idengo et les 63 survivants du massacre du 30 août 2023 encore détenus à la prison de Goma doivent être libérés.
- Mener des enquêtes sérieuses/crédibles/indépendantes et poursuivre en justice les auteurs des crimes graves commis en RDC depuis maintenant trois décennies, y compris ceux documentés dans le Rapport Mapping. Justice pour Kishishe, Oicha, Bambo, Kitshanga, Kiwanja, Katale, etc.
- Apporter une assistance humanitaire suffisante aux déplacés de guerre et mettre en place un programme d’allègement fiscal en faveur des populations du Nord Kivu, appauvries par plusieurs années de conflits armés.
- Donner suite aux revendications de la société civile et de l’opposition politique en faveur de l’organisation d’élections inclusives, transparentes et crédibles pour ne pas faire le lit de l’illégitimité constituant une des causes de la persistance des conflits en RDC.
Les manifestants ont remis un mémorandum au gouverneur du Nord Kivu, qui les a reçus brièvement. Le gouverneur a promis de transmettre leurs doléances au président de la République et de prendre des mesures pour améliorer la situation sécuritaire dans la province. Il a également salué le caractère pacifique de la manifestation et appelé au dialogue entre les différents acteurs politiques et sociaux.
La manifestation s’est déroulée sans incident majeur, malgré la présence d’un important dispositif policier. Les manifestants se sont dispersés dans le calme après avoir chanté l’hymne national. Ils ont annoncé qu’ils resteraient mobilisés jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.